La radio c’est jugaad !

L’argent manque : faire plus avec moins, en d’autres termes, gagner en productivité. C’est un mantra depuis deux ou trois décennies dans les organisations et cela ne changera pas pour les deux à trois décennies à venir. A bien y regarder c’est bien plus qu’une économie low-cost mais une radicale et nouvelle façon de penser la communication.

La complexité est la règle : nous ne sommes pas dans la complication d’un puzzle de 10 000 pièces ou d’un scrabble sans voyelle, mais bien dans la complexité entre les différents ingrédients de la communication. Comment faire avec l’intention des leaders contre le scepticisme des publics, l’autorité d’une parole contre des contre-feux de parties prenantes avides de prise de parole, des mass-médias qui le sont de moins en moins au profit de réseaux sociaux à la parole intempestive et incontrôlable ? Sans oublier des identités de moins en moins affirmées ou alors extrêmement caricaturées devant une abondance de fake et autres tromperies.

Et comme en 14, au siècle dernier, l’abondance de moyens n’est plus la solution alors que plus que jamais l’impact des messages doit créer le dialogue. Assisterons-nous encore à une avalanche de textes par mail, sms, publications sur intranet, forums surabondants ? Ou une inflation de plus en plus galopante de vidéo ? Ou à un laser-show encore plus éblouissant pour la prochaine Convention ? Nous sommes depuis une décennie après une autre au XXième siècle, dans le trop, dans une recherche de moyens toujours plus abondants, produisant de moins en moins de résultats.

Ce que Navi Radjou nous apprend dans sa pratique de l’innovation frugale, ce qui est l’esprit « jugaad » de la débrouillardise en Inde et qui devient des nouveaux produits innovants au Kenya, au Pérou, en Inde ou en France…, tient en peu de mots. Il faut prendre ce qu’il y a de plus abondant pour résoudre les problèmes de ce qui est rare ou de ce qui manque.

Rapportons tout cela à la communication des organisations : la plupart d’entre nous avons une voix et des oreilles. Ce qui nous manque c’est de nous motiver pour du changement, nous engager en confiance et pour cela, de pouvoir l’exprimer. Nous avons des oreilles en abondance. Ce qui est rare est l’expression de notre parole.

N’est-il pas temps de redécouvrir le son, et tout ce qui peut passer par deux oreilles, quasiment partout et tout le temps et par tous les temps ? Ce son qui est fait de paroles et d’émotions, qui incitent à l’écoute et au partage. Et à l’échange : je veux bien vous écouter si vous me laissez vous parler.